Titre: Libère moi
Auteur: Roni Loren
Edition: City Editions
Résumé:
Brynn est une jeune femme qui a voué sa vie à l’aide des personnes en difficulté. Cette fois, la femme en détresse, c’est sa sœur. Soupçonnée de meurtre, elle se cache dans un lieu mystérieux où se retrouvent les élites de la haute société pour donner corps à leurs fantasmes, y compris les plus extrêmes. Brynn va devoir s’infiltrer dans ce milieu et se mettre dans la peau d’une femme soumise. Mais on n’y pénètre que sur invitation. Brynn connaît un homme qui peut l’aider : Reid, un célèbre avocat avec qui elle a eu une liaison quelques années plus tôt. Quand il tombe le costume et la cravate, Reid se transforme en un redoutable dominateur. Leurs vieilles blessures réveillent leurs désirs. Mais dans l’ombre, quelqu’un observe et mène le jeu selon ses propres règles… Passion, jeux sensuels, suspense et faux-semblants.
Avis de Lili
Pour une fan telle que moi de romance et encore plus de la nouvelle mode soi-disant BDSM (tout cela dit sur un ton ironique), j'avoue qu'il m'a fallu un long moment avant de me lancer dans l'achat de ce bouquin.
Qu'allais-je découvrir?
Un roman qualifié BDSM alors que tout ce que l'on va trouver dedans, c'est une paire de menottes en satin rose?
Des scènes de cul avec une histoire d'amour pour expliquer les scènes débridées?
Je vais vous dire: j'ai adoré cette lecture et j'en suis la première surprise!!
Niveau intrigue, je ne peux pas dire qu'elle soit incroyable au point de m'avoir laissée sur les dents mais j'ai bien aimé les nombreuses questions distillées tout au long de la lecture.
Si j'ai un reproche à faire, c'est d'avoir, tout de suite, su qui était le "méchant". J'aurais aimé que ce "cliché'" ne soit pas utilisé mais comme l'auteure parvient à me surprendre dans cette révélation, je lui pardonne ce petit point.
Non, je n'en dirai pas plus.
J'ajouterai aussi que la fin m'a prise par surprise. Quand j'ai commencé à lire les dernières pages, j'étais un peu plate: un happy end comme je les aime. Néanmoins, au regard d'une autre révélation faite quelques lignes plus tard, certains moments du début de roman s'éclaircissent et j'ai découverts ces derniers d'une autre manière. J'ai d'autant plus apprécié qu'il était impossible de s'en douter d'entrée de jeu.
En résumé, pas une grosse intrigue de thriller mais un tas de questions dont les réponses ne sont pas évidentes malgré ce que l'on pourrait croire.
Là où j'ai vraiment aimé ce livre, c'est dans la relation des personnages et la façon dont ils entrent dans le monde du BDSM.
Déjà, l'auteure de Libère moi n'utilise pas un langage cru. Certes, elle ne prend pas de pincettes (on n'est pas à Bisounoursfiftymachin) mais elle ne devient pas non plus pornographique façon quatrevingtnotesdemauvaisgoût!!!
Ensuite, j'ai apprécié pouvoir comparer le présent et le passé, un chapitre après l'autre. Pouvoir découvrir la psychologie des personnages à l'époque et à l'instant présent a apporté un plus dans ma lecture: comprendre le pourquoi du comment de certaines actions ou paroles.
Ensuite, avec "Libère moi", il n'est pas question d'une héroïne qui tombe dans les pratiques dominants/dominés comme un cheveu dans la soupe. Il y a eu un chemin à parcourir autant personnel que couple.
Quand j'ai constaté que l'auteure entrait sur ce terrain, je n'ai plus pu lâcher ma lecture.
Je crois qu'une explication s'impose un peu. (à surligner pour lire)
J'ai lu "80 notes de jaune".
J'ai lu le tome 1 de "Fifty Shade".
J'ai lu "Beautiful Bastard".
Trois livres que j'ai détesté... En fait, si je devais choisir un livre à conseiller, je prendrai le dernier. Le "moins pire" du trio!
Dans chacun, l'héroïne tombe dans un monde où le héros admet ses pulsions dominatrices comme banales. C'est comme ça, point. Il n'y a pas de remises en question. C'est à croire qu'il suffit d'aller dans un bar, dire: j'aime l'amour vache, et on découvre un mécène sadomaso dans la seconde. Non! Votre compagnon de jeux ne vous regardera pas bizarrement.
Et c'est à croire qu'en chaque femme se cache "une dominée dont il faut provoquer la sortie pour qu'elle finisse par aimer ça".
La banalisation de la pratique rendait mes lectures insupportables.
Psychologiquement, tout est parfaitement logique. Brynn tente de vivre correctement ses envies mais ce n'est pas évident quand son partenaire, lui, ne le vit pas bien du tout.
Un autre point appréciable: c'est l'homme qui a un soucis!
J'ai presque envie de dire: enfin!
Tout est une question de communication, d'emblée, puis d'acception personnelle avant le social. Le cheminement de l'un à l'autre est très bien distillé par l'auteur, au point de m'avoir donné envie d'aller au bout de l'aventure avec Reid et Brynn.
Grâce à ce détail psychologique, j'ai vraiment apprécié ma lecture. Elle m'est devenue personnelle parce que très réaliste.
Pour les gens qui s'attendent à des scènes de cul dès les dix premières pages, vous serez déçus. Au bout d'une centaine de pages, on a enfin droit à une petite scène "olé olé" mais rien de très grave, juste sensuel et super frustrant.
C'est pour dire combien l'auteur a voulu mettre en avant le réalisme des relations entre les personnages.
Et même quand on parvient enfin à une scène BDSM, les personnages se cassent une patte eux-mêmes après parce que "et la convenance?", "et le qu'en dira-t-on?".
Des questions que chacun se poserait naturellement, en somme.
Finalement, une fois le gros de la relation faite, on parvient enfin dans le noeud du problème: le ranch et la soeur!
J'avais un peu peur de tomber dans l'entre du BDSM par excellence et que l'auteure n'en sorte plus que par une pirouette mais au final, même si on a droit à quelques scènes érotiques bien maîtrisées, les relations ne changent pas de l'extérieur. Là, où de nombreux auteurs du genre seraient tombés dans: des scènes de cul, de cul et de cul, Roni Lauren est restée dans un ton plus réaliste. Certes, Brynn et Reid prennent leurs plaisirs et réapprennent à se connaître charnellement mais ils ont toujours leurs soucis relationnels même au milieu de la tempête.
Ce n'est pas parce qu'on prend son pied avec quelqu'un que tout va bien dans le meilleur des mondes par après. Rien n'est arrangé! C'est même parfois pire que mieux!
Quant aux descriptions des pratiques BDSM. Comme pour le psychologique, Roni Lauren est restée dans le réaliste. Ca reste très sensuel et érotique, sans devenir vulgaire. L'auteure nous fait découvrir les codes, les conduites et tout ce qui entoure ce monde, avec parcimonie.
Jamais aucune révélation/explication n'est "too much".
Certains pourraient reprocher le "politiquement correct" de l'auteure, surtout une fois dans le Ranch, mais moi, ça m'a vraiment réconcilié avec le genre qui me dégoûtait depuis mes trois précédentes lectures.
Finalement, je suis restée sur ma faim... J'aurais aimé savoir ce que devient la soeur de Brynn après son sauvetage.
J'ai vu qu'il s'agissait d'une série alors j'ai hâte de pouvoir lire la suite.