dimanche 5 août 2012

Acide Sulfurique de Amélie Nothomb


Titre : Acide Sulfurique
Auteur : Amélie Nothomb
Editeur : Le Livre de Poche
Note : 2.5/5

« Vint le moment où la souffrance des autres ne leur suffit plus : il leur en fallut le spectacle. »

Concentration : la dernière-née des émissions télévisées. On enlève des gens, on recrute des kapos, on filme… Tout de suite, le plus haut score de téléspectateurs, l’audimat absolu qui se nourrit autant de la cruauté filmée que de l’horreur dénoncée.
 Étudianteà la beauté stupéfiante, Pannonique est devenue CKZ 114 dans le camp de concentration télévisé. Le premier sévice étant la perte de son nom, partant de son identité.
Zdena, chômeuse devenue la kapo Zdena, découvre en Pannonique son double inversé et se met à l’aimer éperdument. Le bien et le mal en couple fatal, la victime et le bourreau, la belle et la bête aussi.
Quand les organisateurs du jeu, pour stimuler encore l’audience, décident de faire voter le public pour désigner les prisonniers à abattre, un tollé médiatique s’élève mais personne ne s’abstient de voter et Pannonique joue sa vie…
Mon avis :
On m'a beaucoup parlé d'Amélie Nothomb et de ses livres. Aussi, lorsque j'ai eu l'occasion d'en lire un, je me suis jetée sur l'occasion. Autant dire que je ne m'attendais pas à ça. Déjà la taille du bouquin m'a déroutée c'est dire ! Je ne savais pas du tout dans quoi je me lançais. C'était comme une roulette russe : juste un tir et c'est marche ou crève. Si t'as de la chance, tu aimes. Si t'en as pas, t'es paumé. 
En l'occurrence, j'ai été paumée. 
J'ai eu l'impression de me retrouver devant l'un des romans que j'ai dû lire en Lettres Modernes : à la fois simple et complexe, retors avec une thèse apparente et une autre sous-jacente. 
J'ai aussi été surprise par le style très épuré de l'auteur. Elle dit juste ce qu'il faut, pas plus. Pas de descriptions, pas plus d'expression de sentiments que ça... Juste les faits et rien que les faits. C'est déroutant et je n'ai pas fort accroché. Je déteste quand il y a trop de descriptions et il semblerait que je n'apprécie pas plus quand il n'y en a pas assez. 
Toutefois, ce style d'écriture a son charme. Il n'y a pas de fioritures et donc aucun embellissement, aucune tournure qui peut prêter à confusion. Juste les faits bruts dans leur entière réalité. C'est sûrement ça la force du roman. L'auteur ne donne que les faits et expose à son lecteur sa vision de cette humanité malsaine, sadique. Le sujet en lui-même est assez marquant : un camp de concentration converti en jeu télévisé. Si l'horreur n'est pas dite clairement, elle est plus ou moins suggérée et c'est plutôt moche. 
En un sens, l'auteur ne nous prend pas pour des idiots : elle ne décrit pas l'horreur du camp, elle devine que l'on sait. C'est l'un de sujets que l'on étudie en cours, non ? Les camps nazis dans toute leur horreur à la télévision... Un pari risqué auquel je n'ai pas trop adhéré. 
L'histoire en elle-même m'a plu. La façon de la raconter, un peu moins. Par contre, il y a des points qui m'ont laissée un peu... hors jeu. Je n'ai pas trop compris. Surtout la fin du roman et l'attitude de Zdena envers Pannonique. Au départ, je la comprenais assez. Envie d'être reconnue, applaudie. Une forme d'ambition destinée à remplumer son ego. Par contre, l'évolution du personnage, sur un point particulier, m'a laissée perdue. Je n'ai pas vu la logique dans le comportement. 
Du côté de Pannonique, je n'ai pas été très proche d'elle. Encore moins qu'avec Zdena. Son éclat métaphysique m'a amusée plus qu'autre chose alors qu'il n'est qu'une preuve du désespoir qui l'étreint. 
Ce roman est assez étrange. Je n'ai ni aimé ni détesté. Je n'ai pas accroché. Pourtant, l'histoire aurait été bonne, sous un autre angle. Peut-être avec plus de sentiments... Je n'en sais rien. 
En tout cas, je ne sais pas si je lirai d'autres livres d'Amélie Nothomb. Elle a peut-être reçu des prix et tout ça mais je n'ai pas trop accroché. Il y a de bons points mais j'ai été trop... mise à l'écart durant la lecture. Ça se laisse lire vu que c'est très court et que l'histoire est bonne mais, au delà, je n'ai rien trouvé de plus. 
En conclusion, je ne suis pas trop sûre de quel côté penche mon avis. Juste milieu de la balance. C'est plutôt bizarre. C'est rare que je sois aussi indécise sur un roman. C'est peut-être le but... Être ébahi face à la réalité de ce qu'elle raconte mais aussi troublé par le reste, le style en l'occurrence... 
Comme je le disais au début : je suis paumée.

1 commentaire:

  1. LE livre qui m'a définitivement fâché avec Nothomb.

    1- Le thème téléréalité-tous-voyeurs-sadiques a déjà été largement mieux exploité par l'éblouissante nouvelle de Robert Sheckley "Le Prix du Danger" de 1958 (portée à l'écran par Yves Boisset). Oui, 1958: donc la réflexion sur le sujet ne date pas d'hier. D'autres creuseront le filon, Nothomb n'est pas originale, elle est vicieuse en poussant le bouchon plus loin afin de mieux faire culpabiliser le lecteur. Enfin plus loin... elle utilise juste le ressort facile "camp de concentration" qui ne peut qu'être efficace. Le reste est du réchauffé (au micro-ondes, elle était pressée).

    2- L'histoire, on la sent venir très vite. Gros comme une maison. Avec des ficelles comme des amarres de paquebot. Mais comme je me souviens du Sheckley, la Nothomb je la vois arriver avec ses lourds sabots et sa bonne parole. Et pis l'histoire d'amour, hein...

    3- Le côté j'en rajoute pour qu'on sente bien le pamphlet m'a paru débile et inutile. Si, si, on prend le lecteur pour un con. Faut surtout qu'il comprenne que la télé-réalité c'est caca pas bien bouh. Mais ma pauvre Amélie, t'es aussi complaisante dans ton bouquin que ce que tu dénonces...

    4- C'est de la SF honteuse et pas de la bonne. (Ce ne peut pas être de la SF puisque c'est de la littérature; j'avais lu ça quelque part et ça m'avait fait un peu braire avant de lire le bouquin). Niveau crédibilité, d'entrée de jeu c'est zéro. La rafle d'ouverture, j'y crois pas une seconde. C'est mal barré pour la suite. Qui, une fois pigé le principe, est d'un ennui mortel.

    5- Le style... je le trouve bâclé, simpliste. Pas épuré, non, juste facile. Avec usage de clichés plats, poncifs usés et insipidité générale. Quant à la pensée philosophique de Nothomb, assénée poussivement, elle porterait presque à croire que BHL est un génie.

    Bref, je parie qu'aucun éditeur de SF sérieux n'aurait pris la peine de publier ça. Et je regrette encore d'avoir lu le machin, caricatural et utilisant l'immonde pour faire passer un message stéréotypé. Quelle perte de temps...

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